Kenji
Miyazawa
(1896 - 1933) est l’un des plus grands écrivains japonais du XXème
siècle. Au
Japon, les jeunes enfants apprennent à lire dans ses œuvres.
Originaire d’une famille
aisée, il vit à Hanamaki, dans le nord du Japon. Il souffre de voir la pauvreté des
agriculteurs qui l’entourent et contre l’avis de son père qui aurait souhaité
qu’il reprenne l’affaire familiale, il
affirme son intérêt et son engagement pour le monde rural. La culpabilité
autant que le besoin d’apprendre, de transmettre et de voir les hommes se
réaliser le conduisent à créer une école d’apprentissage pour les jeunes agriculteurs. Esprit
très ouvert, il enseigne la géologie
et les sciences mais également la musique,
les langues et le théâtre.
Fervent bouddhiste, il vit sa vie comme un sacrifice pour le
bonheur des autres et s’exténue dans les champs et les rizières. Inconsolable à
la mort de sa petite sœur, épuisé par le travail, il contracte la tuberculose
et meurt à l’âge de trente sept ans.
Il écrit ses contes dans les années vingt et conçoit
la littérature comme une mission mais reste un génie incompris et solitaire. Ce n’est qu’après sa mort que son œuvre connaît le succès. Elle fait
désormais partie des classiques de la littérature japonaise.
Ne se laissant abattre ni par la
pluie
Ne se laissant abattre ni par le
vent
Ne se laissant abattre ni par la
neige ni par la chaleur de l'été
Il a un corps si solide
Il n'a pas de désir
Il ne se fâche jamais
Tout le temps il sourit doucement
Chaque jour il mange une livre de
riz complet
Du miso et un peu de légumes
Toutes les choses
Sans émotion personnelle
Il les voit, les écoute et les
comprend bien
Et ne les oublie pas
Derrière une forêt de pins à la
campagne
Il se tient dans une petite
chaumière
Quand il y a un enfant malade à
l'est, il va le soigner
Quand il y a une mère fatiguée à
l'ouest
Il va porter ses gerbes de riz sur
son dos
Quand il y a un mourant au sud
Il va dire qu'il n'y a pas lieu
d'avoir peur
Quand il y a une querelle ou une
affaire au nord
Il va demander d'arrêter ces
bêtises
A
la sécheresse il pleure
En été froid il marche troublé
Il est appelé bon à rien par tout
le monde
Il n'est ni félicité
Ni tracassé
Comme cette personne
Je voudrais devenir
Kenji Miyazawa
